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Ce domaine était devenu une sorte de monde clos, bucolique, dans un pays en armes. On y vivait pour la terre et les bêtes. Irmgard Kersten, conseillée, dirigée par son beau-père, le vieil agronome qui, à quatre-vingt-dix ans, gardait l’ardeur et la vigueur de la jeunesse, ne pensait qu’à cela. Les cultures se développaient, les vaches, les cochons, les poules, les canards, les oies se multipliaient.

Les regardant, Kersten soupirait d’aise. Malgré les assurances de Himmler qui continuait toujours à prédire la victoire pour le mois prochain, la guerre menaçait d’être longue, et les restrictions se faisaient sans cesse plus sévères. Au moins, on aurait toujours du lait, du beurre, des œufs, de la volaille, du jambon. Cela comptait beaucoup pour le docteur.

Il regagna Berlin au commencement de l’année nouvelle, l’année 1941, rassasié, reposé, rafraîchi. Dans sa grosse voiture, conduite par un chauffeur qu’il avait depuis quinze ans, il chantonna tout le long des soixante kilomètres qui séparaient sa propriété de la capitale. Là, il retrouva avec plaisir son appartement familier et spacieux, dans le quartier de Wilmersdorf, aux abords d’un grand parc.

Le premier jour, il reçut quelques patients, rencontra des amis. Il ne devait voir Himmler que le lendemain.

Or, le matin suivant, à six heures, la sonnette de son appartement retentit avec violence. L’aube de janvier était encore pleine de nuit. Les domestiques dormaient. Kersten alla ouvrir lui-même.

« Un malade qui souffre trop », pensa-t-il en traversant les vastes pièces. Sur le palier, il trouva deux agents de la Gestapo en uniforme.

Sa surprise le tint un instant immobile. Ils restèrent face à face : eux, raides dans leurs tuniques, lui, engourdi, amolli encore de sommeil et couvert seulement d’un pyjama.

— Nous voudrions vous parler, dit rudement l’un des policiers.

— À votre disposition, répondit Kersten.

Tandis qu’il conduisait les deux hommes vers le bureau, son esprit travaillait anxieusement. Enfin Heydrich se vengeait. Mais pour quel délit ? quel crime ?… Un ami hollandais avait-il trahi ou simplement avoué sous la torture qu’il envoyait des renseignements au docteur et à quel numéro ? Avait-on découvert que Brandt, sur son instigation, inscrivait, sur les listes de grâce, des noms à l’insu du Reichsführer ? Dans les deux cas, c’était Himmler lui-même qui envoyait les policiers et Kersten était perdu. Et il ne voyait rien d’autre qu’on pût lui reprocher.

Dans son cabinet, le docteur voulut proposer aux deux hommes de s’asseoir. Il n’en eut pas le temps. Celui qui avait déjà parlé demanda d’une voix brutale :

— Avez-vous soigné des Juifs ?

— Bien sûr, dit Kersten sans hésiter un instant.

Après ce qu’il avait redouté, il éprouvait un soulagement intense.

— Vous ne savez donc pas que c’est interdit, absolument interdit ? cria le policier.

— Non, répondit Kersten.

Il considéra l’un après l’autre les deux hommes et poursuivit :

— Et d’ailleurs cela ne me regarde pas.

Les policiers parlèrent ensemble :

— Vous vous mettez hors la loi du peuple allemand, dit le premier.

— Vous avez une conduite qui n’est pas celle d’un médecin allemand, dit le second.

De nouveau, le regard de Kersten alla de l’un à l’autre.

— Je ne suis pas un médecin allemand, répondit-il avec politesse, je suis finlandais.

— C’est ce que vous prétendez.

— Montrez-nous ce fameux passeport.

— Mais très volontiers, dit Kersten.

Quand ils eurent entre les mains la preuve indéniable que le docteur avait, depuis plus de vingt ans, la nationalité finlandaise, les policiers eurent soudain l’air très stupide et celui qui avait été le plus agressif se montra aussi le plus servile en excuses.

— Pardonnez-nous, Herr Doctor, dit-il, ce n’est pas notre faute, on nous a donné une fausse information, on nous a formellement assuré que vous étiez un médecin allemand.

— J’ai aussi un diplôme allemand, dit Kersten, mais avant tout je suis finlandais, et même, dans mon pays, Medizinälrat [5]. Voulez-vous aussi ce document ?

— Oh ! non, je vous en prie, s’écria le policier, comme écrasé par le titre. Nous n’avons plus rien à faire ici. Encore mille excuses.

Kersten alla réveiller Élisabeth Lube et lui demanda de faire un café très fort. Tout en le buvant, terriblement sucré comme à l’ordinaire, et mangeant tartines beurrées sur tartines beurrées, il fit, avec sa vieille amie, le tour des hypothèses que soulevait la visite de la Gestapo. Les chefs qui avaient envoyé les deux agents avaient-ils vraiment cru que le docteur n’était pas finlandais ? Certes, dans sa jeunesse, il avait changé de citoyenneté trois fois en trois ans, et pendant la guerre de 1914, avant de s’engager dans l’armée finnoise, il avait eu la nationalité allemande. Mais dans le cas où il l’eût conservée, il aurait été mobilisé dans la Wehrmacht. Et puis la Gestapo avait tous les moyens de se renseigner à l’ambassade de Finlande. Non, cela ne tenait pas debout.

Alors ? Avertissement ? Intimidation ? Chantage ?

— Ce qui importe, dit Élisabeth Lube à la fin de cet entretien, est de savoir si Himmler était au courant et d’accord.

À midi, l’heure accoutumée, Kersten entra dans le bureau de Himmler, à la Chancellerie, et, avant même d’enlever son manteau, il dit gaiement au Reichsführer :

— Quand vous voudrez apprendre quelque chose sur moi, il n’est pas besoin de m’envoyer la Gestapo. Vous n’avez qu’à me le demander vous-même.

Himmler, qui n’avait pas vu le docteur depuis les fêtes de Noël et qui avançait vers lui les mains tendues, s’arrêta net, comme frappé au plexus solaire :

— Vous avez reçu la visite de la Gestapo ? s’écria-t-il. Ce n’est pas possible.

Himmler saisit le téléphone et ordonna qu’on le renseignât sur-le-champ. Quand il eut obtenu les informations nécessaires, il laissa pendre l’écouteur au bout de son fil et dit à Kersten, sans le regarder et d’une voix pleine de gêne :

— En effet, on devait vous arrêter pour avoir soigné des Juifs.

Brusquement, Himmler reprit le téléphone et, le visage blêmi par la fureur, cria :

— J’interdis, j’interdis que, sous aucun prétexte, on se mêle de la conduite du docteur Kersten. C’est un ordre absolu. Le docteur est sous ma responsabilité personnelle.

Il raccrocha l’écouteur avec violence, reprit difficilement sa respiration, puis se mit à faire glisser les verres de ses lunettes contre son front, de haut en bas et de bas en haut. Kersten vit à ce mouvement que sa colère n’était pas apaisée et se tournait contre lui.

— Vous ne pouvez pas soigner de Juifs en étant mon médecin, s’écria Himmler.

— Comment voulez-vous que je sache la religion de mes patients ? répliqua Kersten. Je ne demande jamais cela. Juifs ou pas Juifs, ils sont mes malades.

Ce n’était pas la première fois que Himmler et Kersten parlaient de la question juive, et Himmler savait très bien que, pour le docteur, il n’y avait point de différence entre les autres hommes et ceux que le national-socialisme tenait pour indignes de vivre. Mais ces entretiens étaient purement abstraits et Himmler pouvait s’offrir le luxe de les mener avec un sourire d’ironie supérieure ou les rompre d’un haussement d’épaules. Maintenant, il s’agissait de tout autre chose. Du plan des idées, l’opposition de Kersten passait dans le domaine de la vie quotidienne. Elle devenait offense à la loi, rébellion active, crime contre le dogme hitlérien, tout ce que, précisément, Himmler avait pour devoir, pour mission de traquer, punir, extirper, écraser.

Et il ne voulait pas, il ne pouvait pas perdre son guérisseur.

Dans la colère, la voix du Reichsführer montait de plusieurs tons. Il glapit :

— Les Juifs sont nos ennemis ! Vous ne pouvez pas traiter un Juif. Le peuple allemand est engagé dans une guerre mortelle contre les démocraties enjuivées.

Kersten dit doucement :

— N’oubliez pas que je suis finlandais. En Finlande, il n’y a pas de problème juif. J’attendrai que mon gouvernement me dicte une ligne de conduite.

— C’est un raisonnement stupide ! s’écria Himmler, vous comprenez fort bien ce que je veux dire ; faites-moi le plaisir de laisser les Juifs.

Kersten s’était trop engagé. S’il cédait à présent, ne fût-ce qu’en apparence, il se reniait lui-même. Il dit à mi-voix :

— Je ne peux pas. Les Juifs sont des hommes comme les autres.

— Non, glapit Himmler, non ! non ! Hitler l’a dit. Il y a trois catégories d’êtres : celle des hommes, celle des bêtes et celle des Juifs. Et ces derniers doivent être détruits pour que les deux autres puissent exister.

Le visage gris du Reichsführer prit soudain une teinte verdâtre, la sueur lui mouilla le front, ses mains se crispèrent sur son estomac :

— Voilà que cela commence, gémit-il.

— Je vous ai pourtant assez prévenu de ne pas vous laisser aller à vos nerfs, dit Kersten comme s’il parlait à un enfant pas sage. C’est très mauvais pour vos crampes. Allez, déshabillez-vous.

Himmler s’empressa d’obéir.

 

Les Mains du miracle
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